En 2014, Damien SAEZ à corps et à cris était publié pour la première fois aux Éditions Braquage. Pour fêter les 10 ans du livre, un objet collector sortira début juin 2024 : le livre audio au format double vinyle transparent. Les précommandes limitées et plusieurs extraits sont disponibles via ce lien : www.leseditionsbraquage.com
Les premiers retours sont remarquables, toutes et tous trouvent le projet d'une grande originalité. En réalité, il n'y a rien de comparable actuellement sur le marché.
Le double vinyle contiendra les raretés suivantes :
Voici ci-dessous un extrait de l'interview de Damien SAEZ réalisée en 2013 pour la biographie, et publiée pour la première fois en intégralité dans le livret 8 pages fourni avec le double vinyle :
Comment s'articule la transition entre ta vie à Dijon et le départ vers Paris ?
Avant de partir à Paris, je fais un an de théâtre à Dijon. J'aime bien mais je me prends la tête avec le prof... Là, je rencontre un mec qui vient du Creuzot et qui a un appartement à Paris, qui bosse dans une usine et qui me propose de m'héberger. J'ai mon bac et je trace avec ma guitare. Je me souviens que ça donne une très grosse leçon à tous mes potes de cet âge-là. Ensuite, un ami de mon beau-père tombe sur mes textes quand j'ai 18 ans. Moi, je compte me barrer, donc je pars de chez mes parents et je fais maçon pendant deux mois dans le Sud-Ouest. Cet ami de mes parents tombe sur une chanson que j'avais appelée Quand je perds mon sang froid. Il trouve ça vachement bien. Et, comble du hasard, lui-même était tombé sur un pote d'enfance qui était le beau-frère de la manageuse de Mathieu Boogaerts ! On s'en parle et je lui dis que je vais enregistrer des maquettes pour lui faire écouter. Donc, je m'inscris en fac d'histoire, je reste à Dijon et je fais ces maquettes. Puis vient le temps du premier rendez-vous avec cette fille. Quand je vais à ce rendez-vous, avec quinze chansons, elle prend sa claque et pleure pendant une heure. Après ça, étant toujours en contact avec la personne qui voulait m'héberger à Paris, je pars m'y installer et là ça prend deux ans.
Pourquoi est-ce si long ?
Elle démarche de son côté. Moi, je bosse à l'usine à Bagneux et j'écris beaucoup. Je rentre le soir chez ce mec pendant six mois et après je me prends une piaule de neuf mètres carrés sur les Halles. Ça coûtait 2 600 francs mais dans cette usine, j'étais bien payé. Je testais les machines à affranchir le courrier. C'était vraiment Chaplin. Je passais des enveloppes sur chaque machine et je notais les bugs. J'ai dû passer 2,5 millions d'enveloppes... Ensuite, j'appelle la manageuse, je la booste. Ça prend du temps et dans cette période, William Sheller passe au Clos Vougeot en piano-voix. Je vais le voir et je lui donne mes textes. Il est devant moi, lit, me regarde et dit : « Je vous rappelle, car je vois que ça raconte des histoires. » Une semaine après, il rappelle. J'étais super content. Je le revois ensuite une fois et lui en parle chez Polygram, anciennement Universal. À partir de là, mon nom commence à circuler.
Dès lors, tout s'accélère ?
Là, je croise un super directeur artistique chez Island, Egidio Alves Martins. Il me dit : « Quand je regarde ce que tu fais, je pense à Brassens ou à Dylan. Reprends la guitare et fais tout en guitare-voix. » Je fais ces maquettes plus élaborées et là, il y a la moitié du premier album, cette écriture réalisée vers mes 17 ans et demi. Donc, quand je sors cet album, je ne suis plus dans cette écriture-là, j'ai déjà écrit Saint-Petersbourg, mais je me dis qu'il faut que je garde la photo de moi à cette époque, que je garde mes débuts, que je respecte cette chronologie dans la mesure où je la valide, même si ce n'est plus totalement moi. C'est mon parcours, ma photo, mon journal d'adolescent, de lycéen et c'est ça qui prend sur ce premier album. Il fait du bien.
Quand l'album sort, quelle est ta priorité ?
Ce que je me dis, c'est qu'il ne faut vraiment pas que je me montre. Je fais le premier clip, je suis dedans et après c'est terminé. Je fais ce premier clip et je vois l'impact que ça a. Il y a quand même un choc. Ma première lettre de fan, c'est une seringue avec du sang dedans... Je croisais des nanas qui faisaient des signes de croix en me regardant... À ce moment, moi, avec mon caractère, mon indépendance, ma liberté, mon truc... Je me souviens, il y avait une double page dans Libération où on pouvait lire : « Entre Johnny Depp et Noir Désir ». C'est pour ça que la pochette de God blesse est blanche. Cette exposition me touche, d'une certaine manière, et je n'ai pas envie de ça. Je n'ai pas envie d'être reconnu dans la rue. Je n'ai pas de problème de confiance en moi sur ces registres... Le truc d'être reconnu dans la rue ne m'a jamais attiré. Aller acheter ton pain et entendre quelqu'un te parler à la boulangerie, pour moi c'est synonyme d'enfer.
À suivre...